Rudder Bug wrote:" On va toujours trop loin pour les gens qui ne vont nulle part..."
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C'était mon ami. On s'était connu j'avais 17 ans, et lui un peu plus. un histoire de jupette de kayak. Ou plutôt de C1. Je la lui avais cousue. On se croisait dans les manifs. On n'était pas toujours du même bord quand il s'agissait du droit des non-fumeurs, mais sinon, on s'est souvent retrouvé avec la même pancarte.
Il a eu des mots gentils à mon égard. Publiquement. Trop gentils d'ailleurs. J'ai eu le sentiment de ne pas les avoir mérités.
Dernièrement, un français, dont on n'a pas le droit de dire qu'on fréquente, m'a dit de lui les plus belles choses. Pierre m'a manqué. Pas pour ses coups de gueule que je ne lui connaissais finalement qu'à la télévision, mais pour la douceur de son regard, pour son écoute attentive et pour cette voix que des années de cigarettes avaient façonnée si singulièrement.
Je peux te dire qu'il est parti comme il avait vécu. Droit debout, sans détour. Il n'a pas plus détourné le regard face à la mort que face à tous ceux qu'il avait choisi d'emmerder.
Si jamais tu vas vers sa tombe, sur le mont-royal, et que tu regardes sous sa pierre tombale, tu verras des mains moulées sur le socle. Quand j'y vais, je m'agenouille et je pose ma main dans l'empreinte de la plus grosse, celle que ma main a servie pour le moulage. J'ai l'impression d'entendre son coeur battre. Mais je sais bien qu'il est mort pour encore un crisse de boutte. Alors que je me mets la chanson de Akido dans les oreilles, j'entends sa voix, je comprends qu'il continue d'en faire chier une gang, et je redescend la montagne avec ce sourire qui me vient des fois quand je suis presque heureux.
louis
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