
Annie Morin
Le Soleil
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Publié le 01 mai 2013 à 15h55 | Mis à jour le 01 mai 2013 à 20h33
Passagers coincés entre l'aéroport de Québec et Pascan

(Québec) Les passagers de Pascan Aviation ont été pris entre deux feux, mercredi, alors que l'aéroport de Québec leur demandait de payer des frais d'aviation générale (FAG) de 27 $ plus taxes avant l'embarquement tandis que le transporteur niait toute obligation de le faire.
Dans la salle d'attente de Pascan, tôt mercredi matin, une bonne trentaine de voyageurs en direction de Wabush, Baie-Comeau, les Îles-de-la-Madeleine, qui s'en allaient travailler pour la plupart.
En mettant le pied dans le terminal privé, ils sont tombés sur un kiosque d'Aéroport de Québec inc. (AQi), la société privée qui gère l'aéroport international Jean-Lesage. Une jeune employée leur réclamait 31,04 $ (27 $ plus taxes), à moins de pouvoir faire la preuve que la somme avait été préalablement acquittée lors de l'achat du billet.
Autour, cinq agents de sécurité, un mobilisé par l'aéroport, qui avait aussi délégué des cadres, et quatre embauchés par Pascan, s'assurant que seuls les clients franchissaient la porte de la salle d'attente.
Cette démonstration de force a été critiquée par des passagers interrogés par Le Soleil. «C'était un petit peu trop, le nombre d'agents qui étaient là. Je me suis demandé ce qui se passait à matin. Y'a-tu un attentat?» demandait Robert Bellerose, sourire en coin. Son collègue et lui, qui s'en allaient travailler pour 21 jours dans les mines de Mont-Wright, près de Fermont, ont finalement payé les frais réclamés avec la ferme intention de se faire rembourser par leur employeur.
Depuis mercredi, 1er mai, AQi doit percevoir elle-même les FAG qu'elle impose désormais aux passagers de Pascan, comme à ceux de tous les petits transporteurs, pour financer les infrastructures et les travaux aéroportuaires. C'est la conséquence d'une entente à l'amiable après contestation de la nouvelle mesure.
«Je trouve ça complètement ridicule», a pour sa part laissé tomber Stéphane Lapierre, un résidant des Îles venu se faire soigner à Québec. «On paie déjà 800 $ pour un billet», fait-il remarquer. Oui, c'est le gouvernement qui défraie le coût de l'avion, admet le patient, mais lui-même doit assumer tous les autres frais de séjour. Ayant manifesté son agacement, M. Lapierre s'est fait offrir un remboursement par Pascan.
À côté de lui, Nathalie Lalancette était passée tout droit et était un peu inquiète. «On me dit de payer d'un bord et, de l'autre, on me dit qu'on m'embarque quand même si je ne paie pas. Je me sentais coincée entre les deux et je n'ai pas payé finalement. Si je ne suis pas obligée, pourquoi je le ferais?» a-t-elle fait valoir, préoccupée tout de même qu'on ait pris son nom en note.
La porte-parole de Pascan Aviation, Monique Letarte, a défendu le recours aux agents de sécurité par le fait que la direction de l'aéroport avait manifesté son intention d'«empêcher nos passagers d'embarquer». Celle-ci affirme que «la priorité, c'est d'assurer la sécurité de nos clients au sol comme en vol» et que l'horaire soit respecté.
Le directeur des communications de l'aéroport de Québec, Jonathan Trudeau, a déploré toute cette confusion. «Nous, ce qu'on vise, c'est d'aller chercher la collaboration de Pascan», a-t-il insisté. Au lieu d'être confiné à l'entrée, il voudrait que le personnel de l'aéroport puisse s'installer dans la salle d'attente pour que les passagers puissent aller payer à leur rythme, mais toujours avant le départ.
M. Trudeau a répété que les frais, «ce n'est pas une option», mais une obligation. La différence avec Pascan, c'est qui les perçoit. Les autres transporteurs régionaux continuent en effet de facturer les FAG en même temps que le billet, même s'ils ne sont pas d'accord avec le principe et la mécanique. Pour s'assurer de leur collaboration, l'aéroport offre maintenant de leur verser des frais de gestion de 5 %.



