La femme avait les jambes toutes écartées. Elle soufflait comme une mammouth en rut, car dans ce temps-là, c’est ce qu’on disait aux femmes de faire pour ce genre de cas.
- POUSSEZ !
Lui criait l’infirmière.
- HAAAAAAAA!!! Je déchiiiire....
Le bébé fut expulsé. Un beau bébé. Avec un crâne sans cheveux. Ou plutôt un. Un seul petit poil, sur le dessus de la tête. Un petit poil roux.
L’infirmière sortit de la salle d’accouchement.
- Monsieur, vous qui êtes maintenant papa, vous pouvez entrer...
- Vous êtes certaines ? C’est bien terminé ?
- Oui oui, le docteur est en train de recoudre tout ça. Il a une grosse tête votre bébé....
- Bof, je vais attendre encore un peu... Vous savez, moi le sang.... Et puis il y a la télévision ici. Je ne veux pas manquer ça
L’infirmière se demanda bien qu’est-ce qui pouvait passer à la télé qui fut plus passionnante que d’aller voir sa femme se faire recoudre l’entrée du carburateur.
À la télévision, on entendit une voix. Une voix qui venait du plus loin que l’homme n’allât jamais venir pour au moins les cent prochaines années. Cette voix dit « That's one small step for a man, one giant leap for mankind »
Le premier homme venait de poser le pied sur la lune. Un héros aux yeux du nouveau papa. Il était lui-même pilote et son héros était cet homme qui venait de poser les pieds sur la lune. Ce héros avait été pilote d’essai de toutes sortes de machines volantes construites comme des prototypes pour pousser l’enveloppe de la connaissance de l’homme dans le domaine aéronautique. Il avait été le pilote d’avion fusée ultra-secret et de conception totalement nouvelle. Il en avait piloté, des toutes sortes d’amanchures imaginées par des ingénieurs qui, eux, avaient le cul bien au sol. Après une carrière déjà bien pleine, cet homme venait de piloter une bébelle volante et l’atterrir sur la lune, à proche de 5 kilomètres de sa destination première, pour éviter un cratère. Naturellement, cette machine volante n’avait pu être testée. On ne s’improvise pas sur la lune dans un centre de recherche sur terre. Un héros, un homme plus grand que nature, à lui seul, il personnifiait la quête de l’humanité pour le futur, pour le meilleur, pour l’expérimentation, pour la recherche qui devait amener les autres hommes encore plus loin. Monsieur Neil Armstrong venait de poser sa bébelle volante sur la surface de la lune après avoir pris le contrôle manuel du module lunaire, trouvé un endroit qui lui semblait sûr pour se poser et a atterri sur la Lune à 20:17:39 UTC le 20 juillet 196922 dans la mer de la Tranquillité (Mare Tranquillitatis), manquant le site d'atterrissage prévu d'environ cinq kilomètres suite à la présence d'un cratère qui n'offrait pas une surface plane. Il envoya par radio vers la terre: "Houston, the Eagle have landed"
C’était un héros, son héros. L’infirmière revint
- Monsieur, votre femme est recousue, vous pouvez venir
- oui, oui, j’arrive
Le docteur lui dit:
- Bravo, vous êtes le papa d’un beau bébé totalement en santé. Avec un petit poil tout roux sur la tête. Vous allez l’appeler comment ?
- heu.... Neil. Oui, c’est ça, NEIL !!! Mon fils adoré s’appellera Neil en l’honneur de Neil Armstrong qui vient juste de mettre les pieds sur la lune après avoir volé une amanchure qui ne revolera surement jamais. Et mon fils sera pilote lui aussi, je vous le jure....
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Vingt ans avant, on était loin de pouvoir se poser sur la lune. On essayait de dessiner des avions qui allaient être pilotés par le commun des mortels. Le problème, c’est qu’il y avait plein de monde qui se plantait avec. Le gouvernement américain commanda au Massachusetts Technical Institute de concevoir un avion dans lequel les pilotes du dimanche allaient arrêter de se planter et de se tuer. On allait leur donner le droit d'expérimenter toute sorte de controle bizarre sur un avion. Une fois l’étude terminée, on procéda à al construction d’un prototype. Un an plus tard, le proto était prêt. Il fallait maintenant vérifier si cet engin allait voler. Si les surfaces de contrôles bizarres dont on l’avait affublé pour une sécurité théorique, n’allait pas tuer le pauvre pilote d’essai qui allait l’essayer pour la première fois. Il y avait des becs qui se séparaient de l’aile vers l’avant à basse vitesse, des destructeurs de portance sur le dessus des ailes pour supposément aider au contrôle de vol à basse vitesse, une aile sans strut qui avait l’air de vouloir s’arracher. Des représentants de la FAA étaient là, très dubitatifs que le pilote n’allait pas se tuer dans cet engin volant. La compagnie voulait faire certifier cet avion. La FAA allait vérifier d’abord si le pilote n’allait pas se planter lors du premier vol ce cet avion bizarre. On lui avait octroyé un permis de vol spécial, un statut EXPÉRIMENTAL, qui permettait de faire un vol sans qu’on soit certain des caractéristiques de ce proto. Le pilote enfila un parachute, juste au cas, et il décolla.
Trois ans plus tard, le processus de certification fut terminé. On pouvait enfin commencer la production de cet avion bizarre dont la certification avait été octroyée sur la base des vols faits à partir de ce prototype. L’Hélio Courier était né. On prit le prototype, numéro de série 001, et on enleva le gros lettrage EXPERIMENTAL qui était peinturé sur son côté. Fièrement, monsieur Robertson et ses acolytes appliquèrent la nouvelle plaque avec deux rivets : Certified Airplane, Helio Courier, Serial number 001. on allait nommer ce tout premier exemplaire le " Old Number One"
55 ans plus tard, cet Helio Courier fut acquis par celui qui était né le jour même ou l’homme avait posé le pied sur la lune, celui que son papa avait nommé Neil, en honneur du premier homme à avoir posé les pieds sur la lune aux commandes de toutes sortes de bébelles volantes. Ce Neil était toujours roux, mais avec un tout petit peu de plus de poils sur la tête. Il a volé, et possédés, toutes sortes d'avions dans sa vie, des acrobatiques, des certifiés, des certifiés construction amateur, des en toiles, des en aluminium,
La légende dit qu’on peut voir ce Neil, à bord du tout premier prototype d’Hélio Courier, dans certains RVA annoncés sur le site des Ailes québécoises. Canadianisé, son avion arbore quand même l’immatriculation 001. Un exemplaire unique qui servit de modèles à tous les Helio qui suivirent.
Le C-GOOI
Bravo Neil, pour cet avion magnifique qui est quand même né prototype et expérimental qui est le tien
Louis
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