Il n'y a pas que les sièges avec les vieux Cessna

[Rudder Bug]

Hier, 27 mai, je convoyais un C-185 amphibie de Sudbury vers Mascouche. Ma conjointe Louise m’accompagnait et jamais elle n’oubliera ce vol.

Nous étions confortablement installés à 7,500, avec de la belle musique, ciel bleu à perte de vue et une vitesse indiquée de 135 mph. Tout au loin, à la position 2 heures, le magnifique lac Nippissing où North Bay baigne.

La température avoisinait les +1 ou 2 à cette altitude.

Soudain…BANG et un vacarme d’enfer avec une tornade à bord : la fenêtre Bubble de mon côté s’était ouverte.

Je fais signe à Louise que ce n’est pas grave, saisis la petite poignée qui est là pour verrouiller ces fenêtres et cette dernière me reste dans les mains. J’allais réduire la vitesse mais la fenêtre commençait à s’arracher.

Louise essayait de toutes ses forces de la ramener à bord. Elle avait peur qu’elle frappe la queue en arrachant et je crois qu’elle avait raison. Là, elle avait les deux mains dehors, avec un facteur de refroidissement que j’ai du mal à imaginer. Je voulais diminuer la vitesse et l’altitude pour regagner des zônes d’air moins froid mais ce sont deux choses difficiles à faire en même temps, et d’une seule main car je tirais aussi de toutes mes forces avec ma main droite pour casser le reste des charnières et la rentrer à bord.

La p&tin de fenêtre était bloquée à 45 degrés et le haut était à l’intérieur, entre mon menton et mon épaule. Les commandes étaient libres au moins. Je réduisais le régime, trimais et essayais de crier à Louise de lâcher la fenêtre mais le bruit était trop fort, nous ne pouvions rien nous dire, ni même nous voir car elle était rendue derrière mon siège et son casque d’écoute lui ai parti de la tete dans la tornade, et je ne pouvais non plus communiquer à la radio.

Je l’ai entendu crier « tires-toi sur un lac » mais j’avais l’aéroport de North Bay à mon deux heures à 25 milles. C’est là que j’ai pointé le nez du vieux 185 en descendant à 75 mph + deux coches de flaps.

Pas capable de dire à Louise de me trouver la fréquence de la tour mais même si je l’avais su, la communication aurait été impossible. J’affichai 7600 dans un premier temps, et ensuite 7700 car on rentrait au poste.

Louise ne voyait plus rien, sauf le bout de l’aile gauche mais elle a su qu’on se posait sur du dur quand j’ai pompé les 50-60 coups de pompe pour sortir le train. Sa cuisse gauche était collée sur le levier d’acier et chaque coup de pompe lui arrachait presque la chair. Tout ce temps, elle avait les mains dehors.

J’ai atterri sur la 18 et dégagé au plus sacrant, ramassé le CFS de deux pouces d’épais pour trouver la petite rondelle de pain applati appelée hostie de fréquence de la tour et leur ai dit qu’on avait eu une situation. Louise a souffert le martyre et s’en remets tranquillement. Ah oui, elle avait au départ une tendinite à chaque bras, imaginez!

Rendu au sol, j’ai tout remis en place avec du Duct Tape, gracieuseté du gars de Shell. C’était plus solide que l’installation originale. Louise n’avait pas tellement envie de poursuivre le voyage. Je lui ai offert un billet sur Jazz mais elle a tenu à m’accompagner au cas ou un autre morceau de cette picouille me lâche. Pas mal courageuse la petite, héhé!

On a fait le reste du vol sans histoire, avec de la belle musique et tout est bien qui finit bien. Fin de l’épisode.

Des fenêtres de Cessna qui s’ouvrent en vol, je peux dire que j’en ai vues et vous aussi mais cette fois c’était différent.

Tout ça pour vous dire que ceux qui n’ont qu’une seule barrure de fenêtre avec des « Bubble Windows » devraient sérieusement envisager la dépense d’en faire poser deux.

Gilles

[chaps90]

Ah Ben maudit !

Bravo!

[sierra]

Une autre aventure de plus à mettre dans ton sac d'expérience. Chapeau à vous deux

Serge

[Tilou]

Voici la suite de mes émotions à fleur de peau
J’ouvre ici une petite parenthèse car c’est moi Louise qui vous écrit maintenant pour faire l’autre parti du récit, . Alors voici la suite des choses: j’avais les mains à l’extérieur et je tenais de toutes mes forces la dites fenêtres et l’air entrait à plein régime dans la cabine et j’avais la figure centralisé dans la dite fenêtre. Je ressemblais et ce avec du recul quand j’y pense à un bonhomme Michelin, toute gonflée, l’air entrait par mes narines rendu la grosseur à des narines de boeuf, les joues accotées dans l’front, j’essayais de pencher ma tête mais très dure à faire, l’air entrait dans mes poumons à une vitesse effreyante, mes oreilles, parlons des oreilles ont aurait dit que l’air entrait par tout ce quond appelle un trou.

J’avais déjà une tandinite, alors imaginez la force que mes bras ont du demander d’effort pour retenir cette maudite fenêtre à 7,500 pieds d’altitude. Je sais pas du tout où mon corps est allé chercher l‘énergie nécessaire. Je ne sentait plus mes doigts cripés sur les rebord de la dite fenêtre. Pendant tout ce temps, Gilles ne voyait pas et ne savait pas ce qui se passait derrière son siège et moi de même vis à vis lui. Ce n’est qu’après l’incident que nous nous sommes échangé LE ce qui c’était passé.

J’ai su par après que le délai a duré 15 minutes entre le fameux 7,500 pied et l’atterrissage complet. Durant ce moment je suis devenu une contorsionniste, un peu comme les artistes du cirque du soleil. Mes fesses toujours assise sur mon siège, jambe gauche entre les deux sièges et le devant du corps en arrière du siège du pilote ,ma tête du côté droite appuyé sur le siège de Gilles et les deux bras à l’extérieur tenant la fenêtre.

Toute les activités sur l’aéroport furent interrompues dans l’attente de notre arrivée, nous arrivions en état d’urgence. Je ne sentais plus mon corps, et mes forces commençais à m’abandonné, NONNNNNNNNNNN il fallait pas que je perde la fenêtre, c’était devenu une obsession. Je savais que l’on se posait à quelque part sans que je puisse voir le où car je sentais contre ma cuisse, le tuyau de métal que Gilles activait pour faire en sorte que les roues de l’avion sorte et chaque coup me faisait-il mal? Je sentais plus rien.

Un cauchemar, va t-il finir ce cauchemar??? Non c’est pas un rêve pantoute! Là ma mémoire de l’aterrisage je le sais pas. Je sais cependant que l’avion était stationné, le moteur arrêté quand soudain une voix me dit et c’était celle de Gilles: Louise tu peux lâcher la fenêtre...Louise lâche la fenêtre...LOUISE slaque tes doigts de la fenêtre...LOUISE C’EST O.K. CA VA ALLER, TOUT EST ARRETÉ LACHE LA FENETRE.

A ce moment SEULEMENT on aurait dit que je sortais de ma torpeur et que je sortais de ce cauchemar. J’ai finalement lâché prise et mes doigts était crispé et ont resté crispé longtemps de la même position que si je tenais la fenêtre encore. Alors je crois que c’est Gilles qui m’a détaché, ma ceinture et mon harnais et là, LÀ je me suis mise à trembler, tout d’abord les bras, puis les mains, les avants-jambes, le bas de mes jambes, les pieds, j’avais l’air d’un squelette ambulant sur mon siège et tout à coup les larmes, mais les larmes de crocodiles se sont mise à coulé sur mon visage, en quantité industrielle et aucun son ne sortait de ma bouche. Je ne pouvais parlé. Le STRESS sortait et Gilles a respecté mon état de choc, car j’étais vraiment en état de choc intense croyez-moi. Ma peau était pratiquement en était d’hypothermie et j’avais tellement froid et je ne pouvais plus contrôlé les tremblements de mon corps. Mes lèvres n’arrêtaient pas de remuer, mais aucun son n’en sortait. Mon corps était incontrôlable.

On m’a accompagné à l’extérieur de l’aéroport, assise à une table de picnic et je fumais comme une cheminée ce qui as eu pour effet de me calmer tranquillement et doucement.

Gilles pendant ce temps réparait la dite fenêtre. Je vous dirais qu’environ 1 heure plus tard j’ai du regagné l’avion pour constaté que la dite fenêtre était pleine de duck tape. Afin qu’elle puisse tenir le coup du voyage de retour. Oh criss j’avais pas pensé au voyage de retour. Y faut tu que je rassoid mes fesses la dedans? On m’as alors offert un billet d’Air Canada afin que j’entre à Montréal à Dorval et que Gilles ramène la dite avion à Mascouhe. Ma tête, mon cerveau avait un dilemme. Ou je n’embarquait pas et que s’en était finit avec l’aviation car plus jamais je n’aurais osé rembarqué la dedans où je me risquait à faire le reste du voyage.

Je me suis mise à penser encore à la dite fenêtre et si au retour la vitre ne tient pas avec le duck tape, qu’arrive t-il au pilote seul à bord???? Alors j’ai pris la décision de faire le reste du voyage. Quand mes pieds se sont posé sur les marches de l’avion, en silence des larmes à nouveau se sont mise à coulée, sans crier gare, sans aucun son de ma part, mais simplement un corps ne possedant plus aucune énergie, j’étais vidée.

Je regardais fixement le GPS qui me mentionnait qu’il me restait 1h42min et quelques seconde à faire pour rejoindre notre destination. Tout le reste du voyage mes yeux n’ont cessé de fixé la dite fenêtre arrangé avec les moyens du bord et le fameux GPS qui m’indiquait 1h41 min - 1h 40 min et cela jusqu’à l’atterrisage soit 0h00 min.

Aujourd’hui soit le 28 mai à 10h53 mon corps se replace tranquillement, mais il a laissé des séquelles, mes deux bras non plus de force (2 tendinites) et il me reste 1 doigt encore tout engourdi, 2 ongles de cassés, mal à l’oreille droite par la force du vent etc.. Etc.. Etc...et surtout , surtout, vidé d’énergie que seul j’imagine le temps va m’aider.

Hier soir très et trop fatigué pour dormir à 10h, alors nous nous sommes couché à 11 hres, brûlé, fatigué, resté de nos émotions. Ou du moins de ma part.

Ici j’ouvre une grosse grosse parenthèse pour vous dire que voler avec un vieux loup de mer a fait TOUTE la différence dans ce quond peux appeller un incident et j’en reste persuadé.

A ce moment précis je me remet de mes émotions, mais soyez sans crainte, je remonterai certainement dans ce quond appelle un oiseau artificiel.

A chacun de vous tous, vous êtes et serez toujours dans mon coeur et chacun à son tiroir de souvenir.

Louise

[Rudder Bug]

Si Confisius eusse été un pilote de brousse, il eût dit:

Ne pars jamais sans ton Duct Tape et ton WD-40. Si quelque chose qui ne doit pas bouger bouge, prends le Duct Tape et si quelque chose qui doit bouger ne bouge pas, prends le WD-40

[ttq]

Gilles et Louise, deux pro, pas nerveux

en plus le train ne sortait pas?????

ça prends pas 2 barrures sur les BW ? il me semble que c'est obligatoire

c'est moins pire quand la fenêtre s'ouvre au décollage,
j-p

[denimich]

Rudderbug et tilou, merci d'avoir partagé cet épisode inusité de la vie d'un couple passionné d'aviation.

[Rudder Bug]

Quand les fenêtres de Cessna s'ouvrent, elles ne s'arrachant pas la plupart du temps mais quand les charnières lâchent, c'est une autre histoire.

Another tale from a ferry pilot...but I love doing it.

Zilles

[Theo007]

heureux de s'avoir que c'est une belle fin

bien content de pas avoir de cessna et presque pas de fenetre,,,

Bravo Louise quel courage et force et de patience...

THEO

n.b. Gilles l'idée de vouloir sortir le bras en vol aussi ,,, achète toi du Désodorisants

[abud]

Louise et Gilles,

merci de partager le récit.

Une hypothèse si la fenêtre avait détaché, quelle aurait été l`impact sur le vol et ça nouvelle configuration

Martin

[Rudder Bug]

Martin, je craignais un peu qui si on la laissait aller, qu'elle aurait pu faire mal au stab car elle est pas mal à la même hauteur et on volait pas mal vite quand c'est arrivé. Je m'assure toujours que rien ne puisse arriver à ma queue quand je vole. Ma queue, j'y tiens moi!

Je serais curieux de connaître le potentiel de dommages avec une bubble window vs un bord d'attaque de stab @ 135 mph, mais je n'ai pas eu l'audace de l'essayer et encore moins ma blonde!

[Tilou]

J'ose te faire part et remarque je n'y connait pas grand chose en aviation, enfin un tout petit peu. Sur l'instant de ce moment ma frousse était que j'avais peur que la fenetre si je la lâchais aille brisé la queue, le gouvernail de l'avion, alors pas question que je lâche prise et ma deuxième peur, peut-être non fondée également, mais sur le coup ca m'a passé par la tête étant également la possibilité que le vent avec toute sa force fasse virevolter la dite fenêtre et quel entre dans le cockpit frappé la tête de Gilles. Maintenant allez savoir si cela aurait pu être???? j'en n'ai aucune espèce d'idée de ce qui aurait pu se passer si j'avais lâché prise.

Mais j'avoue que j'aimerais bien en connaître l'impact si les circonstances aurait fait que j'aurais lâché prise par la force des choses. Bonne question...

[Tilou]

Pis moi aussi Rudderbug

[Rudder Bug]

Hein quoi Tilou? Expliques-toi s'il te plait.

[Tilou]

Moi aussi je tiens à LA QUEUE

[Rudder Bug]

Shit! C"était un site d'aviation et ça tourne "pour adulte"!

Modérateurs: AU SECOURS!!!

[Luscombe]

Bon récit.
Louise, ça va aller, faut se dire que c'est comme pogner des bosses sur la routes et prendre le champ, ça arrive pas à toute les sorties.
Me suis tappé deux atterissage d'urgence en 4 ans. La première (en 2007) j,étais sur skis avec ma blonde comme passager quand les commandes on jammés. Elle a finit par rembarquer. Ça prit du temps.
La deuxième c'était au une panne moteur (en 2011) au décollage à st-frédéric avc atterissage dans un champs boueteux en bas au bord de la rivière.
C'est des choses qui arrive.
On veut pas que ça arrive à chaque fois, par contre.
Sinon j'aurait tout vendu depuis un crisse de boute.
Pour les fenêtres sur mon Cessna, j'ai mis de P.K. screw dans les cadres depuis 5 ans. Elle n'ouvrent plus en vol.

Fred

[abud]

Gilles et Louise,

il faudrait demander à un représentant de Cessna si il peut avoir une copie de l`analyse (Failure mode analysis). Tu devrais trouver la réponse.


Martin

[echoooo]

Bravo à vous 2. Bravo Louise. Bravo Gilles. J'imagine ma conjointe dans la même aventure. J'aurais été très malheureux pour elle. Je suis certain que pour toi Gilles c'est pareil. Lachez pas! La vie de couple ça se cimente comme ça.

Quelle aventure. Alain

[Rudder Bug]

Alain et Luscombe,

Effectivement, le pire était ce que je ressentais pour ma blonde, mais elle a fait ce qu'elle pensait qu'il fallait faire car nous ne pouvions communiquer d'aucune manière avant d'atterrir. Fallait juste atterrir et régler le problème et s'en parler après.

Il n'y aura pas de prochaine fois. Si je dois convoyer un vieux Cessna avec des bubble, je mettrai du duct tape sur les barrures et ferai le tour du monde avec, en toute quiétude.