Mettez-vous à la place des centaines de passager qui vole régulièrement sur les King Air à travers la province, ils doivent se poser des questions sur cet accident. Maintenant ils apprennent que cet avion ne tient pas en vol avec 1 moteur, car c’est ce qu’ils vont retenir avec de tel propos comme sur LCN.
On peut pas résumer la sécurité d’un King Air à ça, ça n’a pas de bon sens.
JLaroche nous éclaire, pour les initiés en aviation du forum que nous sommes, les notions de VMC:
‘Une situation critique serait de se retrouver à Vmca tôt après le décollage pendant une panne de moteur et rétracter les volets qui étaient partiellement sortis. Ce changement de configuration va réduire la portance et créer un lacet vers le moteur mort. A tort le pilote aura tendance à incliner l'avion davantage, au détriment de la performance en montée et ainsi percuter le sol dans une assiette moins qu'optimale. C'est précisément à cause de ce scénario fréquent que vous entendrez dire parfois que les monomoteurs IFR sont plus sécuritaires lors d'une panne moteur au décollage que les bimoteurs de moins de 12,566 lbs MGTOW.’
On parle là d'une mauvaise technique de pilotage, pas d'un mauvais avion.
Par exemple prend un bimoteur léger qui a une vitesse de décision en cas de panne moteur de 100kt, VCM 90kt, VYSE 107kt. L’avion est performant sur 2 moteurs, à la course au décollage il veut rapidement s’envoler, avec le temps les pilotes ont pris l’habitude de faire la rotation à 90kt. Si la piste est longue la logique serait de laisser l’avion accélérer à la vitesse de décision 100kt pour reposer l’avion en cas de panne. Mais maintenant ça vole tellement bien que ça monte comme une balle monte la vitesse monte à 100kt tu es déjà à une centaine de pieds, tu ne peux plus te reposer sur la piste car ça défile, pis là boom, tu perds ton moteur. Effet de surprise, tu ne peux plus faire la piste, tu baisse éventuellement le nez mais pas trop car la vitesse commence déjà à tomber (l’autofeather n’a pas fonctionné), tu rentres le train et éventuellement les volets, mets le moteur en drapeau ,c’est long, le temps de faire tout ça, la vitesse à perdu peut-être une dizaine de nœuds, c’est pas beaucoup mais tu est sous la VMC l’avion commence à s’incliner tu descend encore plus, tu rajoute le max de puissance que tu peux et tu perds le contrôle… Une fois la vitesse sous la VMC il n’y a pas le choix de réduire la puissance, et de diminuer l’assiette pour regagner le contrôle directionnel. Si tu n’as pas l’altitude suffisante, et bien tu vas au sol, mais sans perte de contrôle au moins. Mais ce mettre ça dans la tête ce n’est pas facile.
Au décollage une façon de faire est de rester proche du sol pour accélérer et prendre de la vitesse rapidement, assez pour qu’en cas de perte d’un moteur après le décollage, il y ait une bonne marge de vitesse pour faire toute sa procédure et que la vitesse ne tombe pas sous VMC et idéalement sous VYSE. Ce palier d’accélération est assez rapide à faire mais il demande de lutter contre un avion qui veut monter car il performe.
Enfin dire qu’une monoturbine et plus sécuritaire et bien là je ne comprends pas. En croisière si tu perds ton moteur, tu dois faire un atterrissage forcé (sauf si tu as une piste à distance de planée bonne chance dans le nord), avec un bi, tu voles. Au décollage avec un mono tu vas au sol. Avec un bimoteur et bien tu as bien plus de chance, puisque un atterrissage forcé serait suite à une panne moteur proche de la VMC et proche du sol, ce crash sera contrôlé si la bonne technique de pilotage est appliquée, et le temps critique où cette panne peut arriver peut être réduit si encore une fois la bonne technique est utilisée. Un crash contrôlé peut bien se finir.
Le risque est là avec un bimoteur léger c’est certain, la preuve, mais certainement moins qu’avec un mono, et encore moins qu’en transportant des passagers dans une voitures sur nos routes. Voler sur un King Air est sécuritaire, même sur un moteur. D'ailleurs après recherche (assez rapide par exemple) je n'ai trouver qu'1 cas de King Air qui a perdu le contrôle sur à une panne moteur au décollage.
Mes propos sont seulement ma façon de voir les choses basé sur mon expérience, je ne fais juste que la partager et je n’essaye surtout aucunement de tenter d’expliquer ce qui c’est passé à Québec. Je n‘y étais pas, et des tas de facteurs ont pu se produire, le BST est là pour ça.
Je souhaite offrir mes sympathies aux familles du vol d’Aéropro.
Greg.
A lire
http://flightsafety.org/ap/ap_june05.pdf