Le Soleil, 15 juillet 2007
Marc Lestage
mlesage@lesoleil.com
L'aviation a pris beaucoup de place dans sa vie
Les amis du Dr William « Bill» Delaney appréciaient sa compagnie, et on dit de lui que c'était un « conteur exceptionnel ».
Pas surprenant de la part d'un homme déterminé et énergique dont l'existence a été marquée de tellement de rebondissements qu'on pourrait facilement le croire sorti d'un film d'Indiana Jones.
C'est avec énormément de tristesse que tous les gens de l'air et passionnés d'aviation' de la région ont appris récemment le décès du Dr Delaney, qui a été examinateur médical accrédité par Transports Canada, pour l'aviation civile, durant plus de 50 ans. William L. Delaney avait 89 ans.
«Bill» comme l'appelaient ses amis est un Québécois « né en Angleterre» au cours de la Grande Guerre. Son père, médecin dans l'armée canadienne, était surintendant d'un hôpital des forces alliées en Angleterre. Comne plusieurs autres hauts gradés, William H. était accompagné de sa femme au cours de cette affectation.
Revenu au Québec, après la guerre, le couple a eu deux autres enfants. Frédérick, âgé de 81 ans et qui pratique toujours la médecine à Gorham, dans le Maine, et Marjorie, décédée en 1999.
Après avoir étudié la médecine à l'Université McGill, le disparu a servi, tout comme son père 25 ans plutôt, dans l'armée canadienne lors de la Seconde Guerre mondiale. Il a été affecté successivement en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne avant de venir s'installer à Québec, rue Desjardins, à deux pas du Château Frontenac, en 1948, pour pratiquer la médecine familiale.
Il s'est marié à Kathleen Hall Kelly, et le couple a eu un enfant, Kathleen, aujourd'hui professeure retraitée de la faculté de droit de l'Université Laval. Devenu veuf, le Dr Delaney a plus tard épousé Rosemary Power Cannon. Une veuve mère de deux enfants, Frank, de Lac-Beauport, et Lawrence Cannon, l'actuel ministre des Transports dans le gouvernement Harper.
« L’aviation a pris beaucoup de place dans sa vie », nous confie sa fille, mariée à l'avocat retraité Jack Beausoleil, qui a été touchée par les nombreux messages de sympathie reçus à la suite du décès de son père.
La fascination de Bill pour les avions s'est développée tout jeune. Peut-être le jour où il a accompagné son père médecin sur les plaines d'Abraham pour accueillir le célèbre pilote Charles Lindberg. On se souvient que ce jour-là la grande vedette de l'aviation était de passage à Québec pour livrer des médicaments que le père du jeune William Delaney, huit ans, était chargé de récupérer.
Après avoir pratiqué la médecine familiale dans son cabinet du Vieux-Québec, il était normal de retrouver le Dr Delaney à proximité de l'aéroport alors qu'il a été nommé examinateur médical pour l'aviation civile.
Il pratiquait toujours à cet endroit lorsqu'il a pris sa retraite, à l'âge de 81 ans. Une retraite un peu forcée, nous raconte sa fille. Le «bon vieux docteur Delaney» était occupé à faire un examen médical à un futur pilote lorsqu'il a été pris d'un malaise. Le médecin a rapidement réalisé ce qui se passait. On raconte que c'est le patient qui s'est chargé de conduire le médecin à la clinique d'urgence d'un hôpital proche, sur la recommandation de ce dernier.
Fier de ses racines irlandaises, le Dr Delaney a toujours parlé le français avec un accent très prononcé. Plusieurs de ses amis le soupçonnaient même de cultiver cet accent qui lui conférait un charme indéniable. À sa fille qui craignait qu'on remarque également ses origines à cause d'un accent, le père a sagement recommandé un jour: « Tu n'as qu'à parler rapidement et ils ne remarqueront rien», raconte amusée l'ancienne professeure de droit de l'Université Laval.
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William L. Delaney tel que vu par sa fille Kathleen, professeure retraitée de la faculté de droit de l'Université Laval et photographe